La lecture n°7 du Personal MBA est le fameux livre de Richard Koch, intitulé "The 80/20 Principle" et sous-titré "The Secret of Achieving More With Less".
Partie 1 : Ouverture
Qu'est-ce que le principe 80/20 ? Le principe 80/20 explique que dans une population, certaines choses sont plus importantes que d'autres.
Par exemple, le langage commun. Il a été montré que 700 mots (en anglais) composent les deux tiers de nos conversations. En incluant les formes dérivées de ces mots, on arrive à 80% des conversations communes. Dans ce cas précis, moins de 1% des mots sont utilisés 80% du temps. On pourrait appeler ça le principe 80/1.
Le principe 80/20 n'est pas une formule magique : parfois ce sera 70/30, d'autres fois 80/1. Mais il sera très rarement vrai que 50% des causes mènent à 50% des résultats. L'univers est déséquilibré. Peu de choses sont réellement importantes.
Chapitre 1 : Bienvenue chez le principe 80/20
Le principe 80/20 peut et doit être utilisé par les gens, les organisations, les états car il permet de réaliser des meilleurs résultats avec moins d'efforts. RK explique qu'il a écrit ce livre car il persuadé qu'appliquer ce principe est la meilleur manière de gérer et de passer outre les pressions du quotidien.
Le principe 80/20 annonce qu'une minorité de causes, d'inputs ou d'efforts mène à une majorité de résultats, d'outputs et de récompenses. Littéralement, cela veut dire que 80% de nos réalisations au travail viennent de 20% de notre temps passé au travail. C'est bien sûr le contraire de ce à quoi les gens s'attendent.
Dans le business, de nombreux exemples du principe 80/20 peuvent être cités :
- 20% des produits représentent 80% du CA
- 20% des clients représentent 80% du CA
Dans la société les exemples sont également nombreux :
- 20% des criminels représentent 80% des peines encourues
- 20% des conducteurs représentent 80% des accidents de la route
Cette tendance a été découverte en 1897 par Vilfredo Pareto, un économiste italien. Elle a recouvrée plusieurs noms : le principe de Pareto, la loi de Pareto, la règle 80/20, le principe du moindre effort et le principe de déséquilibre. A travers le livre, RK annonce qu'il n'utilisera qu'une seule dénomination : le principe 80/20.
Pareto a étudié la distribution des richesses en Angleterre au 19ème siècle, et il a découvert que la majorité des richesses allaient à une minorité de personnes. Rien de surprenant pour l'instant, mais il a découvert deux autres faits intéressants.
Le premier est qu'il y a une relation mathématique constante entre l'échantillon de population et la quantité de richesses attribuées (en d'autres termes, si 20% de la population s'est vus attribuer 80% des richesses, alors on peut prédire sans risque d'erreur que 10% de la population s'est vu attribuer 65% des richesses, et que 5% s'est vu attribuer 50%).
Le second est que Pareto s'est aperçu que cette tendance au déséquilibre était observable parmi toutes les données qu'il observait, peu importe la période et le pays.
En ce sens, Pareto était un innovateur car personne avant lui n'avait pensé à comparer deux échantillons liés de données. De nos jours cette démarche est standard en économie.
Le principe a été revisité de nombreuses fois jusqu'à nos jours. En 1949, par le philologue Zipf.
Et surtout en 1951 par l'ingénieur américain Juran, l'homme derrière les concepts d'optimisation de la qualité dans les process industriels. Son idée a été d'utiliser le principe 80/20 en industrie pour gommer les défauts majeurs des produits.
IBM a été l'entreprise qui s'est familiarisée le plus tôt avec le principe 80/20, dès les années 60. En 1963, les ingénieurs IBM ont découvert qu'un ordinateur passait 80% de son temps de calcul sur les mêmes 20% du code opérationnel. L'entreprise a alors immédiatement réécrit son OS pour rendre ces 20% de code plus simples et rapides. Les entreprises comme Apple, Lotus et Microsoft ont également à la suite appliqué le principe 80/20 à leurs développements.
Selon RK, le principe 80/20 est important car il est contre-intuitif. Nous avons une tendance naturelles à penser que toutes les causes ont les mêmes effets, que tous les clients ont la même valeur, que tous les employés ont la même valeur, que tous les problèmes ont un grand nombre de causes et que cela ne vaut pas le coup d'isoler des causes clés, que 50% des causes ou inputs vont représenter 50% des résultats ou outputs. Rien n'est plus faux.
Le principe 80/20 promet qu'en analysant deux échantillons de données liées entre eux par une relation de cause et d'effet, on découvre une forme de déséquilibre. ce déséquilibre peut être 65/35, 80/20, 99,9/0,1 et n'ont même pas besoin de faire 100 en s'additionnant.
Chapitre 2 : Comment penser 80/20
Le chapitre 1 a expliqué le concept derrière le principe 80/20 ; le chapitre 2 va lui montrer comment mettre en pratique le principe 80/20 à travers deux méthodes, l'Analyse 80/20 et la Pensée 80/20.
La définition du principe 80/20 est qu'il existe un déséquilibre entre les causes et les résultats, entre les inputs et les outputs, entre les efforts et les récompenses. Les causes, les inputs et les efforts peuvent être divisés en deux catégories :
- la majorité, qui a peu d'impact
- une petit minorité, qui a un impact majeur et dominant.
Typiquement, les résultats, les outputs et les récompenses dérivent d'une petite portion des causes, inputs et efforts.
Une relation standard pour ce déséquilibre est le 80/20 : 80% des outputs viennent de 20% des inputs.
Par exemple, 80% de l'énergie sur Terre est consommée par 15% de ses habitants.
La meilleure manière de représenter cette relation est d'utiliser des histogrammes.
Bien sûr les nombres 80/20 sont un standard, la véritable relation peut être plus ou moins déséquilibrée. Mais dans la majorité des cas, on se rapproche plus du 80/20 que du 50/50. Parfois, 80% des profits viennent de 15% des produits, ou de 30% des produits. Les nombres, quand on les additionne, n'ont pas besoin de faire 100. Le fait qu'on dénomme le principe avec les nombres 80/20 peut faire penser que les nombres doivent faire 100. Il n'en est rien : pour appliquer le principe 80/20 il faut avoir 2 échantillons de données, chacun à 100%, et mesurer une quantité variable d'un des échantillons qui est causée par une partie de l'autre échantillon.
RK enchaîne sur ce que le principe 80/20 lui a apporté dans sa vie personnelle et professionnelle. Il donne de nombreux exemples tirés de son parcours, notamment un de ses professeurs à Oxford qui lui conseillait de ne pas se rendre aux cours mais d'aller plus vite en lisant des livres, et surtout en lisant les 20% les plus utiles du livre, ceux qui donnent 80% de sa valeur.
Comme écrit plus haut, il y a deux façons d'appliquer le principe 80/20.
La première c'est l'Analyse 80/20, qui se veut précise, quantitative, qui demande de l'investigation et donnent des conclusions factuelles à forte valeur.
La seconde est la Pensée 80/20, qui se veut floue et qualitative, qui demande de la réflexion et donne une idée générale à forte valeur également.
L'Analyse 80/20 examine la relation entre deux échantillons de données comparables. Un échantillon est toujours un univers de gens ou d'objets, qui peut être tourné en pourcentages. L'autre échantillon établit un rapport entre une certaine caractéristique de ces gens ou objets qui peut être aussi tourné en un pourcentage. Ce qui fait l'Analyse 80/20 unique est que la mesure sur le deuxième échantillon permet d'établir un rangement par ordre d'importance et de faire des comparaisons entre les deux échantillons de données.
RK prend ici l'exemple de 100 amis (le premier échantillon) et la consommation de bières parmi ces 100 amis (le deuxième échantillon). Il établit un tableau où chaque ami est classé suivant sa consommation. A partir de ce tableau, il en déduit que 28% des amis consomment 80% des bières (relation 80/28) à partir d'un histogramme.
L'Analyse 80/20 est utilisée pour se concentrer sur les causes clés d'une relation, les fameux 20% qui mènent à 80% des résultats. Ici, pour améliorer ses résultats, une brasserie pourrait se concentrer sur les 28% de ces amis et décider d'ignorer les 72% autres. A l'inverse, cette brasserie pourrait décider de se concentrer sur les 72% pour les amener au niveau de consommation des 28% premiers. RK note ici que cette dernière démarche est souvent plus compliquée et moins récompensée.
L'Analyse 80/20 peut être mal utilisée. RK prend ici l'exemple du commerce de livres. Selon lui, il est facile de démontrer que dans une librairie, 20% des titres représentent 80% des livres vendus. Avec ces données, les libraires devraient évidemment se concentrer sur les 20% des bestsellers. Mais quand cette approche a été tentée, les profits ont baissé. Est-ce que ça invalide le principe 80/20 ? D'après RK, la réponse est non, car la considération clé n'est pas la distribution des livres vendus mais bien ce que veulent les clients : à savoir une librairie avec un large choix. RK conseille également de regarder la distribution des profits et non du chiffre d'affaires, car dans le monde du livres, ce sont les best-sellers qui sont les moins rentables (peu de marge).
Cela montre le danger d'une utilisation linéaire de l'Analyse 80/20.
La Pensée 80/20 est une version plus "légère" de l'Analyse 80/20, qui permet en fait d'appliquer le principe à nos vies quotidiennes, de manière non-quantitative. La Pensée 80/20 veut que l'on se concentre sur les quelques petites choses qui valent vraiment la peine et d'ignorer la masse de choses non-importantes. S'engager dans la pensée 80/20, c'est se demander constamment quel est le 20% que va mener au 80%. On sait que la Pensée 80/20 fonctionne quand notre efficacité augmente.
Appliquer le principe 80/20 veut dire faire les choses suivantes :
- célébrer notre productivité exceptionnelle plutôt qu'augmenter notre niveau moyen d'efforts
- chercher le raccourci
- exercer du contrôle sur nos vies avec le moindre effort
- être sélectif et non pas exhaustif
- rechercher l'excellence dans peu de domaines plutôt qu'une bonne performance dans plusieurs
- déléguer ou outsourcer au maximum dans nos vies quotidiennes
- choisir notre carrière et notre employeur avec une extrême attention, et si possible employer les autres plutôt que d'être employé
- faire uniquement les choses pour lesquelles nous sommes les meilleurs et qu'on apprécie faire
- questionner notre vie pour en découvrir l'ironie et les bizarreries
- dans chaque domaine, rechercher quels 20% permettent d'atteindre 80% des résultats
- se calmer, travailler moins et cibler un nombre limité de buts où le principe 80/20 va fonctionner pour nous plutôt que de saisir chaque opportunité disponible
- se concentrer sur les moments où nous sommes à notre pic créatif.
Partie 2 : Le succès en affaires n'a pas besoin d'être un mystère
Chapitre 3 : Le culte "underground"
Toutes les sociétés et les individus ayant du succès connaissent le principe 80/20.
RK évoque ici la dimension Qualité du principe 80/20.
Le principe 80/20 a réellement connu une impulsion dans le busines lors de la révolution "qualité" initiée aux USA par Joseph Juran, qui disait dans son livre Quality Control Handbook, la bible du mouvement qualité, qu'un pourcentage réduit de défauts avait pour conséquence un pourcentage très élevé de problèmes de qualité, tout en citant le travail de Pareto. En d'autres termes, 20% des défauts causent 80% ds problèmes de qualité.
La deuxième vague du principe 80/20 est la vague des sociétés spécialisées en technologies de l'information. RK évoque ici la dimension Technologies de l'information du principe 80/20.
RK cite ici de nombreuses sociétés (RISC, IBM, Apple...) appliquant de manière constante le principe 80/20 à leur stratégie et à leurs produits.
Malgré tout, le principe 80/20 est décrit par RK comme le secret le mieux gardé dans le monde des affaires. Il reste sous-exploité, même par ceux qui le connaissent. Le principe peut aider le chef d'entreprise, le cadre, l'ouvrier, la personne au foyer, même le stagiaire.
Selon RK, le principe 80/20 fonctionne dans le business, et est vérifiable. Cela donne naissance à la théorie de l'entreprise 80/20 :
- dans n'importe quel marché, des fournisseurs arriveront mieux que les autres à satisfaire les besoins des clients : ils vendront plus cher et auront plus de parts de marché
- dans n'importe quel marché, des fournisseurs arriveront mieux que les autres à minimiser leurs dépenses tout en gardant leur niveau de revenus
- des fournisseurs arriveront à générer plus de profits que les autres
- avec le temps, 80% d'un marché est accaparé par 20% des fournisseurs
- toute entreprise qui adresse plusieurs segments de marché va générer 80% de ses profits sur 20% des segments adressés, par 20% de ses clients et par 20% des produits
- 80% des profits seront générés par 20% des employés
- 80% de la valeur seront générés par 20% du temps dépensé par les employés
- un produit qui est 10% meilleur que les produits concurrents va s'adjuger 100% de profits supplémentaires par rapport à la concurrence.
Chapitre 4 : Pourquoi votre stratégie est mauvaise
RK évoque ici la dimension Stratégie du principe 80/20.
Utiliser le principe 80/20 permet d'identifier les failles dans la stratégie de notre entreprise. A moins que cette entreprise soit très réduite et simple, il est facilement vérifiable qu'au moins 80% des profits viennent de 20% de l'activité et de 20% de nos revenus. L'astuce est de trouver ces fameux 20%.
Il faut alors mener une Analyse 80/20 des profits par catégorie différente de business :
- par produit ou type de produits
- par client ou type de clients
- par toute catégorisation qui apparaît intéressante dans notre business, comme la localisation géographique ou le circuit de distribution
- par segment compétitif.
Les trois premiers points peuvent paraître évidents. C'est la notion de segment compétitif qui mérite d'être développée. La meilleure manière, selon RK, d'examiner la profitabilité d'un business est de le séparer en segments compétitifs. Un segment est une partie du business où l'on rencontre un compétiteur différent ou différente dynamiques compétitives.
Analyser segment par segment permet d'avoir une vue globale sur son marché. Quels sont les segments qui me rapportent le plus ? Ceux où je dispose de plus de parts de marché que mes concurrents ? La question n'est pas seulement de tout voir sous l'angle de la profitabilité, mais également en termes d'attractivité (quel est mon futur sur ce segment) et de positionnement. Ainsi l'analyse stratégique ne doit pas s'arrêter à l'Analyse 80/20, il faudrait plutôt dire qu'elle commence avec.
Le principe 80/20 est un guide pour le futur de notre entreprise. L'innovation est un processus compliqué, mais une application créative du principe 80/20 peut être à la fois facile et amusant. RK donne ici quelques idées :
- 80% des profits réalisés par les industries sont réalisées par 20% d'entre elles : faire une liste des industries que l'on connaît les plus profitables et se demander pourquoi elles le sont et pourquoi notre entreprise ne peut pas être comme elles
- 80% des profits sur un marché sont réalisés par 20% des entreprises : si on ne fait pas partie de ces 20%, que font-elles que l'on ne fait pas ?
- 80% de la valeur perçue par les clients sont réalisés par 20% de l'activité de l'entreprise : quels sont ces 20% dans notre cas, qu'est-ce qui nous empêche de faire plus sur ces 20% ?
- 80% de ce que fait une entreprise ne représente pas plus que 20% des avantages perçus par le client : quels sont nos 80% est-il possible de s'en passer ?
- 80% des avantages d'un produit ou service attendus par le client peuvent être fournis à 20% du coût de ce produit ou service : y a-t-il un concurrent qui fournit ce genre de produits ou services sachant que beaucoup de clients seraient prêts à acheter cette version dégradée du produit ou service ?
- 80% des profits d'un marché viennent de 20% de ses clients : notre entreprise a-t-elle une bonne part de marché chez ces clients ? Si non, que peut-on faire pour augmenter cette part ?
En conclusion, le principe 80/20 annonce que notre stratégie d'entreprise est fausse. Si on réalise le plus d'argent sur une petite partie de notre activité, il faut renverser le modèle de notre business et concentrer nos efforts à multiplier cette petite partie.
Chapitre 5 : Simple est beau
Le niveau suivant, une fois que les managers se sont rendus compte que 80% de l'activité de leur entreprise est dispensable, est de se séparer de cette activité. Mais trop souvent, ils ne franchissent pas le pas en invoquant des raisons de baisse du chiffre d'affaires ou des raisons organisationnelles.
La vérité est qu'une activité non-profitable est non-profitable car cela demande des frais généraux élevés et que cela crée de la complexité sans raison.
RK évoque ici la dimension Réduction des coûts du principe 80/20.
Cela ne veut pas dire que petit est mieux que large, mais que simple est mieux que complexe. Idéalement, une entreprise doit être simple et large. Une grosse entreprise fait ainsi des économies d'échelles sur tous ses coûts.
La complexité interne a des énormes coûts cachés. Le coût d'arrêter et de redémarre des projets, le coût de la communication et de l'extra-communication entre les employés surnuméraires, tout s'ajoute pour minimiser les profits des entreprises complexes.
La simplicité est une application du principe 80/20. RK cite une étude menée par Gunter Rommel, un Allemand, sur 39 sociétés de moyennes taille en Allemagne. Cette étude a montré que le point commun entre toutes les sociétés ayant du succès face aux autres était la simplicité.
Un business simple a toutes les chances d'exploiter des niches où les marge sont très élevées, ou alors exploiter un marché mature "vache à lait".
En interne, la meilleure approche peut être de se focaliser sur la partie de la chaîne de valeur (R&D, production, distribution, vente, marketing, service) où notre entreprise a le plus grand avantage compétitif et d'outsourcer tout le reste.
Cela peut permettre d'abandonner toutes les fonctions centrales, "de siège", liées à la gestion des activités complexes. Pour des gains d'argent, bien sûr, mais surtout la dilution des responsabilités et le fait d'éloigner les gens qui "réalisent" des clients.
Finalement, plus une ligne de business est simple, plus elle a de chances d'être proche du client.
L'excuse de diminuer le chiffre d'affaires pour ne pas se débarrasser des activités complexes et dispensables de l'entreprise est commune, mais on peut lui tordre le cou en mettant toutes ses ressources sur la montée en puissance sur les segments de valeur.
Toujours garder à l'esprit que :
- l'efficacité repose sur la simplicité
- la grande majorité des activité sera toujours sans intérêt, pauvrement conçues, mal gérées et bien en deçà des attentes des clients
- une petite portion de l'activité sera toujours terriblement efficace et apportera de la valeur aux clients
- toutes les organisations sont un mélange de forces productives et improductives : les gens, les relations entre les gens et les actifs
- la faible performance est une réalité présente dans toutes les organisations
- il est toujours possible de faire mieux tout en faisant moins.
Toujours s'attacher à multiplier ce que nous apportent les fameux 20%.
Le principe 80/20 peut nous aider à réduire les coûts dans notre entreprise, en étant sélectif sur les domaines qui méritent des réductions de coûts, en identifiant les points qui peuvent être grandement et facilement améliorés, et en comparant les performances entre les activités de l'entreprise.
En conclusion, la meilleure façon de créer quelque chose de grand est de créer quelque chose de simple.
Chapitre 6 : Attirer les bons clients
Dans ce chapitre, RK aborde la dimension Marketing et la dimension Vente du principe 80/20.
La dimension Marketing du principe 80/20 :
Il est souvent dit que nous vivons dans un monde post-industriel où les entreprises ne devraient pas être drivées par la production mais plutôt drivées par le marketing et "customer-centric". Cette affirmation est au mieux à moitié-vraie.
Il est vraie que la révolution industrielle a crée des business massivement drivés par la production. L'approche de Ford, par exemple, était la bonne pour son époque : simplifier les biens de consommation et baisser leurs coûts pour les rendre accessibles au plus grand nombre. D'une certaine manière, c'est du non-sens que de dire que le monde post-industriel n'est pas drivé par la production : aujourd'hui les services sont industrialisés de la même manière que les produits physiques de l'ère industrielle (fleuristes, lavage, enseignement, divertissement...).
Les années 60 ont redécouvert le marketing, et les termes de satisfaction client, de "client au centre de l'activité", et ont mené les entreprises à s'engager en force dans cette approche. D'après RK, être "customer-centric" est une approche parfaitement valable mais elle peut avoir des effets secondaires mortels. Cela peut mener par exemple à vouloir recruter de plus en plus de clients marginaux, faisant augmenter les coûts et plonger les profits. Chasser trop de clients peut mener à l'explosion des coûts marketing et des coûts de vente. Le principe 80/20 est essentiel ici car il permet de continuer à se focaliser sur le marketing profitable et sur le client profitable.
RK annonce donc trois règles d'or :
- le marketing, et l'entreprise dans son entier, doit se concentrer à fournir un produit ou un service d'exception sur 20% de la ligne de produits, ceux qui fournissent 80% des profits
- le marketing, et l'entreprise dans son entier, doit fournir des efforts extraordinaires pour contenter, garder et étendre les ventes des 20% de clients qui fournissent 80% des profits de l'entreprise
- il n'y a pas de conflit réel entre la production et le marketing : la réussite du marketing tiendra au fait que ce qui est marketé sera différent, et pour nos clients, introuvable ailleurs ; ou fournir un produit / service qui a une valeur introuvable ailleurs.
RK conseille, en prenant l'exemple d'un magasin, de se focaliser sur les 20% de produits qui génèrent 80% de nos profits. Cela ne veut pas dire abandonner les 80% de produits qui rapportent peu, mais bien offrir un plus grand espace dans le magasin aux 20%.En d'autres termes, c'est être drivé par le marketing, mais sur peu de produits.
D'un autre côté, il faut être "customer-centric" pour les quelques clients importants, les fameux 20%. A savoir établir une relation proche avec ses 20%. RK prend ici l'exemple d'American Express qui focalise ses campagnes de communication vers ses 20% de clients les plus profitables, à savoir ceux qui multiplient les repas d'affaires, généralement payés avec une carte American Express.
Pour sécuriser ses 20% de clients, RK décrit un process en quatre étapes :
- d'abord identifier qui sont ces clients : dans le cas de gigantesques entreprises, il peut s'agir de réseaux de distribution entiers
- leur fournir un service exceptionnel
- faire en sorte que les nouveaux produits et services ciblent ces 20%
- viser à sécuriser pour toujours ces 20% de clients, car la véritable santé d'un business tient à la profondeur des relations avec ses meilleurs clients.
Il est impossible de centrer son organisation sur 100% de ses clients ; par contre, centrer son organisation sur les 20% de ses clients doit être une obsession.
La dimension Vente du principe 80/20 :
RK commence cette sous-partie en posant une question : en supposant que 73% de nos ventes sont générées par 20% de nos commerciaux, que faudrait-il faire avec cette information ?
Déjà, tout faire pour que ces commerciaux restent à leur niveau de performance. Cela ne peut être fait seulement en les arrosant d'argent.
Ensuite, embaucher encore plus de ce type de commerciaux.
Puis essayer d'identifier quand et comment ces commerciaux vendent. 80% des ventes auront certainement lieux à partir de seulement 20% de leur temps de travail.
Puis demander à toute sa population commerciale d'adopter les méthodes de ces commerciaux.
Enfin échanger les équipes et les périmètres commerciaux pour essayer d'établir si les 20% de commerciaux peuvent retrouver leurs performances dans un autre environnement commercial.
Au niveau de la formation des commerciaux, RK conseille de :
- former uniquement les commerciaux dont on est sûr qu'ils travailleront longtemps pour nous
- faire former les commerciaux par les meilleurs commerciaux en place et les rémunérer aux futures performances des commerciaux formés
- investir le plus en formation dans ceux qui performent le mieux après un premier cycle de formation : prendre les 20% meilleurs et investir 80% du budget formation peur eux.
RK prévient également que la vente n'est pas seulement du fait d'avoir de bonnes techniques de vente :
- concentrer les efforts des commerciaux sur les 20% de produits qui génèrent 80% des ventes (et rémunérer les forces de vente sur ces 20% de produits, pas sur les autres)
- concentrer les commerciaux sur les 20% de clients qui génèrent 80% des ventes et 80% des profits
- organiser les meilleurs comptes clients sous une seule équipe
- réduire les coûts et utiliser au maximum le téléphone pour les comptes clients les moins importants. Plutôt que d'abandonner des comptes à cause de la réduction de temps qui leur sont consacrés, on préférera mettre en place une gestion centralisée à distance pour 80% de ces plus petits comptes.
- enfin demander aux commerciaux de retourner visiter les vieux clients qui ont générés du business dans le passé : c'est une stupéfiante technique commerciale souvent négligée.
Chapitre 7 : Le top 10 des utilisations business du principe 80/20
Outre les dimensions Stratégie, Qualité, Réduction des coûts, Marketing, Vente et Technologies de l'information, RK aborde dans ce chapitre les quatre derniers domaines d'applications du principe 80/20, à savoir la Prise de décision et analyse, la Gestion des stocks, la Gestion de projet et la Négociation.
Concernant le domaine de la prise de décision, RK énonce 5 règles :
- seules quelques décisions sont réellement importantes
- la plupart des décisions les plus importantes sont souvent celles prises par défaut
- pour les décisions importantes, RK note que 80% des analyses intéressantes sont réalisées sur les premiers 20% du temps alloué, et doivent amener à prendre une décision 100% du temps comme si on était confiant à 100% à propos du fait que cette décision soit correcte
- si ce que l’on décide ne semble pas marcher, il est préférable de changer de d’avis tôt que trop tard
- enfin, quand quelque chose fonctionne, il faut redoubler notre investissement dans ce quelque chose.
RK s’intéresse après à la gestion des stocks, en appliquant le principe 80/20. Selon lui, les stocks suivent invariablement une distribution 80/20 : 80% des stocks sont à l’origine de 20% des revenus. Cela veut dire que les stocks sont souvent très chers et impliquent de dépenser énormément d’argent pour garder en stock des produits non-profitables.
Ensuite, RK développe quatre idées concernant le domaine de la gestion de projet du principe 80/20.
- 80% de la valeur d’un projet viendra de la réalisation de 20% de ses activités. Les 80% d’activités restantes sont générées par la complexité. Avant de commencer un projet, il faut donc exprimer son objectif de la manière la plus simple possible.
- 80% du bénéfice d’un projet viendra de 20% des activités de ce projet : à cet effet il peut être intéressant de fixer des dead-lines impossible à tenir aux membres du projet pour qu’ils se concentrent sur ces 20%. C’est souvent les fonctionnalités optionnelles qui transforment des potentiels projets réussis en catastrophe.
- Planifier avant d’agir, ce qui veut dire écrire tous les sujets critiques que l’on essaye de résoudre et construire les hypothèses de réponse à ces sujets. Ce sont les projets les plus courts qui méritent le plus de planification.
- Etablir le design avant d’implémenter : 20% des problèmes avec n’importe quel design projet entraîne 80% des coûts supplémentaires, et 80% des problèmes critiques sont soulevés durant la phase de design.
Enfin, pour terminer le chapitre, RK aborde le domaine de la négociation et y développe deux idées :
- seuls quelques points dans une négociation sont réellement importants : 20% des sujets abordés détiendront 80% de la valeur de la négociation. Cela ne veut pas dire pour autant abandonner à l’autre partie les 80% restants. On peut concéder des avancées sur ces 80% pour prendre l’avantage sur les 20% qui comptent.
- Ne pas abandonner trop vite : 80% des concessions sont réalisées dans les derniers 20% du temps de la négociation.
Chapitre 8 : Les "quelques-uns vitaux" vous donnent du succès
La logique du principe 80/20 veut que l’on considère seulement quelques points importants. On peut alors facilement penser 80/20 et agir 80/20 quelque soit les choses que l’on réalise.
Ainsi RK récapitule et complète ici des idées déjà développées plus tôt dans le livre. :
- D’abord, un nombre réduit de choses est toujours plus important qu’un grand nombre de choses qui s’avèrent inutiles
- Le progrès veut dire bouger des ressources d’une utilisation sans valeur vers une utilisation avec énormément de valeur
- Seules quelques personnes donnent de la valeur à une organisation
- Les marges varient grandement
- Les ressources sont toujours mal allouées
- Le succès est sous-estimé et sous-célébré
- L’équilibre est illusoire : le succès personnel ou le succès d’une organisation reposent non pas sur l’invention ou l’innovation mais à détecter le moment auquel cette innovation va être irrésistible
- Les plus grands succès ont tous commencé petits : il est facile d’oublier que d’énormes entreprises sont passées par des étapes où elles n’étaient que des start-up.
Pour finir ce chapitre, RK demande au lecteur d’arrêter de penser 50/50 mais bien de commencer à penser 80/20 :
- s’attendre à ce que 20% soit égal à 80%, et l’inverse
- s’attendre à ce que tout (notre temps, notre organisation, notre marché, toutes les personnes et les business que l’on croise) possède une qualité 20%
- chercher les 20%, souvent bien cachés et protégés parmi un amas de médiocrité
- s’attendre à ce que les 20% de demain soient différents des 20% d’aujourd’hui
- développer mentalement une protection contre les 80%.
RK demande également au lecteur de commencer à agir 80/20 :
- dès que l’on détecte une activité 20%, s’en faire le spécialiste et l’ambassadeur
- utiliser toutes les ressources à notre disposition pour exploiter ces 20%
- utiliser de manière extensive les alliances avec d’autres gens, mais uniquement avec les 20% meilleurs
- exploiter l’arbitrage 80/20 en bougeant des ressources des activités 80% vers les activités 20%.
- Innover vers des nouvelles activités 20%, voler les meilleures idées 20%
- Réduire les activités 80%.
Partie 3 : Travailler moins, gagner plus et apprécier plus
Chapitre 9 : Etre libre
Le principe 80/20 rend libre, car il permet de travailler moins et en même temps de plus apprécier la vie et de gagner plus.
RK décrit dans ce chapitre les caractéristiques de la Pensée 80/20.
La Pensée 80/20 est réflective. Nous pensons traditionnellement de manière linéaire : x a pour cause y, z a pour cause w. L’objectif de la Pensée 80/20 n’est pas de passer à l’action mais plutôt de réaliser une réflexion au calme, pour minimiser les ressources allouées à un problème tout en cherchant à obtenir des résultats impressionnants.
La Pensée 80/20 est non-conventionnelle, car elle demande de faire les choses différemment en observant ce que les gens font mal pour ne pas répéter leurs erreurs.
La Pensée 80/20 est hédoniste. Tandis que la plupart des gens passent beaucoup de temps avec des gens qu’ils n’apprécient pas, occupent des postes qu’ils n’apprécient pas, le penseur 80/20 lui fait tout l’inverse. L’hédonisme est souvent vu comme menant à l’égoïsme, c’est en fait tout l’inverse : il est presque impossible d’atteindre un objectif si l’on n’apprécie pas ce que l’on fait.
La Pensée 80/20 croit au progrès. Sachant que nos activités répondent au ratio 80/20, pour progresser une piste est d’allouer plus de ressources des 80% vers les 20%.
La Pensée 80/20 est stratégique : être stratégique c’est se concentrer sur ce qui est réellement important, sur ce qui peut nous donner un avantage comparatif.
La Pensée 80/20 est non-linéaire. Si on est malheureux, la pensée 80/20 permet non pas de se focaliser sur les causes de notre malheur mais plutôt de se focaliser sur les derniers moments heureux que nous avons vécus pour faire en sorte d’orienter nos actions et nos objectifs vers ces moments.
La Pensée 80/20 combine de l’ambition avec la confiance. Nous sommes conditionnés pour croire que l’ambition vient avec un état de suractivité permanent, de longues heures au bureau et une vie sociale réduite. L’idéal 80/20 promet lui que la majorité de ce que l’on va réaliser dans notre vie va venir d’un temps de réalisation très réduit. En sélectionnant de manière précise nos actions, on peut aborder la réalisation de nos objectifs de manière calme.
Enfin, pour terminer le chapitre, RK distille des idées pour appliquer le principe 80/20 à nous-mêmes, notamment :
- la plupart de nos échecs viennent d’actions que les autres ont choisies pour nous, tandis que la plupart de nos réussites viennent d’actions que nous avons nous-mêmes choisies
- trop peu de gens prennent leurs objectifs sérieusement et mettent moyennement de l’effort dans trop de choses différentes. Ainsi, les gens qui réussissent ont toujours été sélectifs à propos de leurs objectifs.
Chapitre 10 : La révolution du temps
RK promet dans ce chapitre que le principe 80/20 peut être appliqué à mener une révolution sur le temps, qui est selon lui la façon la plus rapide de gagner en bonheur et en efficacité.
Il part de deux observations :
- La plupart des plus grandes réalisations des gens (qu’elles soient personnelles, professionnelles, intellectuelles, artistiques, culturelles ou sportives) sont réalisées sur une minorité de leur temps. Il y a un profond déséquilibre entre ce qui est créé et le temps passer à le créer.
- De la même manière, le bonheur ressenti par les gens arrive sur un temps restreint de leur vie.
Ce sont bien sûr des hypothèses exprimées ici par RK, qui néanmoins concède avoir observé leur réalité à plusieurs occasions.
Ces deux observations, quand elles sont vraies, ont quatre implications :
- la plupart des choses que nous faisons n’ont pas de valeur
- quelques fragments de notre temps ont bien plus de valeur que tout le reste
- cela ne sert à rien de gagner en efficacité sur les 80% de notre temps qui ont peu de valeur
- on ne peut pas dire qu’on manque de temps si seulement 20% de notre temps est utile : on peut puiser dans 80% de notre temps inutile.
L’idée n’est donc pas de mieux gérer son temps. Si notre utilisation du temps est déséquilibrée, une révolution du temps est requise. Il faut transformer la manière dont on utilise le temps, et non pas essayer de gérer à la marge le temps dont on dispose.
RK comprend que les utilisateurs de méthode de gestion du temps sont satisfaits de leurs gains de productivité (généralement entre 15 et 25%), mais selon lui, la gestion du temps c’est comme mettre le contenu d’un tonneau dans une bouteille. C’est aller plus vite. C’est établir des priorités.
La société étant divisée entre ceux qui ont du temps mais pas d’argent et ceux qui ont de l’argent mais pas de temps pour l’apprécier, le succès des méthodes de gestion du temps s’explique donc par le fait que les gens cherchent désespérément à moins travailler tout en gagnant autant d’argent.
Le principe 80/20 appliqué au temps n’est pas conventionnel.
Notre usage courant du temps n’est pas rationnel. Le temps ne nous manque pas, car nous utilisons seulement 20% de notre temps de la bonne manière. Le principe 80/20 énonce que si on double notre temps sur notre meilleur 20% parmi nos activités, on pourrait grandement améliorer notre productivité.
De même, le principe 80/20 dit que nous devrions moins en faire. C’est la deadline qui permet dans bien des projets d’être efficace les derniers instants. En mettant en place une deadline plus serrée, on pourrait tout simplement gagner en productivité.
Ce n’est donc pas la pénurie de temps qui devrait nous inquiéter, mais bien le fait que ce temps est en majorité utiliser pour réaliser des choses sans valeur.
Pour commencer sa révolution du temps, RK donne une méthode en 7 étapes :
- Faire le saut mental de dissociation des efforts et des récompenses : travailler dur n’est pas la meilleure manière d’atteindre ses objectifs. Par contre, travailler dur sur des activités qui nous intéressent, que l’on a choisies, va mener à des bons retours. En d’autres termes, il faut savoir être paresseux.
- Abandonner la culpabilité. Il n’y a pas de valeur à faire des choses que l’on n’a pas envie de faire. Tous les gens riches le sont devenus car ils aimaient ce qu’ils faisaient. RK précise ici qu’il ne se fait pas l’avocat de la paresse, car le travail est une activité qui satisfait un besoin intrinsèque.
- Se libérer des obligations imposées par les autres. Au travail par exemple, il est fort possible que 80% de notre temps est consacré à faire des choses pour les autres. Il est bien sûr impossible de se libérer totalement des choses que l’on doit réaliser pour les autres. L’idée est de choisir avec soin nos partenaires et nos obligations.
- Etre non-conventionnel et excentrique dans l’utilisation de notre temps, par exemple en dessinant plusieurs scénarios de vie et en choisissant celui qui nous permet de réaliser le plus d’activités à forte valeur.
- Identifier les 20% qui nous donnent 80%. Pour le bonheur, il faut ainsi identifier les « îles de bonheur », ces petits moments qui concentrent tout le bonheur que l’on ressent. De la même manière pour notre réussite, identifier les « îles de réussite », ces moments où nous concentrons tous nos succès et toute notre productivité. Qu’ont ces îles en commun ? En identifiant leurs points communs, on peut agir en fonction pour multiplier l’occurrence de ces îles.
- Multiplier les 20% du temps qui donnent 80%. Les points communs de nos îles permettent d’isoler ce pour quoi on est programmé pour faire.
- Eliminer ou réduire les activités de peu de valeur. En une seule phrase : ne pas suivre le troupeau.
Des critiques peuvent être émises contre la révolution du temps. Faire la révolution du temps, cela peut vouloir dire aller à l’encontre de nos chefs, divorcer de notre conjoint… Bref, la révolution est quelque chose de dangereux et d’inconfortable.
Chapitre 11 : Vous pouvez toujours avoir ce que vous voulez
Pour obtenir ce que l'on veut, il faut savoir ce que l'on veut, et le vouloir entièrement.
C'est l'objet des chapitres 11, 12, 13, 14 et 15 : savoir ce que l'on veut, et comment faire pour obtenir une vie sociale riche, une carrière brillante, de l'argent et du bonheur.
RK conseille de se poser de nombreuses questions.
Sur la vie, il propose de se demander si nous vivons avec la bonne personne, si nous vivons au bon endroit, si nous travaillons un nombre d'heures qui corresponde à notre équilibre et à notre vie sociale, si nous nous sentons en contrôle de notre vie, si nous pouvons faire du sport et méditer quand nous le souhaitons, si nous sommes généralement détendus avec notre entourage, si notre mode de vie nous permet d'être créatifs et de révéler notre potentiel, si nous possédons assez d'argent pour ne pas à s'en soucier, si nous voyons nos amis proches suffisamment, si nous voyageons suffisamment, si notre mode de vie est compatible avec celui de notre famille, si nous avons tout ce dont nous avons besoin à cet instant précis.
Sur le travail RK précise que les heures de travail ne devraient pas être dictées par une convention sociale. le principe 80/20 peut aider dans ce sens, pour arbitrer : si nous sommes plus heureux en dehors du travail qu'au travail, alors il faut diminuer nos heures au bureau. L'inverse est aussi vrai.
De nombreuses personnes n'aiment pas leur travail, et serait prêt à changer pour une compensation équivalente.
Notre carrière ne doit pas être une prison : nous avons probablement plus de choix pour notre futur. Il faut se demander quelle carrière nous rendra le plus heureux. RK propose un schéma qui répartit les gens en six cases, selon leur besoin d'accomplissement (faible ou fort) et leur préférence pour travailler pour des organisations, pour travailler tout seul, ou pour travailler à employer les autres.
L'aliénation au travail vient généralement du fait que nous sommes rangés dans la mauvaise case.
Au niveau de l'argent, RK rappelle qu'elle n'est selon lui pas difficile à obtenir. Il suffit pour cela de faire quelque chose que l'on aime. Malheureusement il existe des professions où l'offre excède largement la demande. Dans ces circonstances, RK conseille de ne pas abandonner, et peut-être de trouver un métier qui s'approche fortement de notre premier choix mais qui n'est pas aussi concurrentiel. Si l'argent est vraiment important pour nous, RK conseille de se mettre à son compte le plus rapidement possible et à commencer à employer les autres.
Il n'hésite pas à dire que l'argent appelle facilement l'argent, mais que surtout l'argent est sur-estimé : arrivé à un certain train de vie, gagner encore plus d'argent ne fait qu'apporter des problèmes et n'a plus aucun impact sur nos possibilités et notre bonheur.
Au niveau de notre réussite et de notre performance, RK explique qu'il y a deux types de personnes : ceux qui réussissent et ceux qui sont sains d'esprit. Il propose de se poser également de nombreuses questions pour réussir : quelles réussites passées nous ont donnés le plus de satisfaction ? quelles méthodes ont prouvé être 80/20 ? que pourrait-on réaliser que les autres ne pourraient pas faire ?
Il termine en disant qu'il faut se focaliser sur ce que l'on trouve simple à faire.
Chapitre 12 : Avec un peu d'aide de nos amis
RK explique ici que le principe 80/20 peut s'appliquer à nos relations sociales et professionnelles.
Selon lui, 80% de ce que nous apporte l'ensemble de nos relations viennent de 20% de nos relations.
80% de ce que nous apporte l'ensemble de nos relations viennent de 20% de relations que nous formons le plus tôt dans nos vies.
On déploie bien moins que 80% de notre attention aux 20% de nos relations qui nous apportent 80%.
RK cite ensuite une étude selon laquelle il s'avère que notre capacité à nouer des relations étroites est loin d'être infinie. C'est la "théorie du village", qui veut que plus nous avons accumulé tôt dans notre vie d'expérience dans les relations avec les gens, plus il sera difficile de nouer des relations étroites par la suite. Cette théorie respecte le principe 80/20 : un nombre restreint de nos relations va compter pour une large proportion de notre vie émotionnelle.
Du côté de la vie professionnelle, RK note que pour atteindre un haut niveau de réussite et d'excellence, il sera presque obligatoire pour nous de former des alliances avec des gens. Il faut bien se concentrer avant de nouer une alliance, car elles sont stratégiques pour notre réussite. RK prend ainsi l'exemple de Jésus qui s'est reposé sur Saint Jean le Baptiste, puis ses 12 apôtres etc.
De la même manière que dans notre vie personnelle, le principe 80/20 s'applique ici en montrant que les alliés clés sont peu nombreux. Les meilleures alliances professionnelles sont basées sur 5 attributs :
- le plaisir mutuel (il faut apprécier la compagnie de l'autre, et inversement)
- le respect
- une expérience partagée
- la réciprocité (l'alliance doit être un échange de bons procédés des deux côtés)
- la confiance.
RK conseille enfin, surtout si nous sommes tôt dans notre carrière, de développer nos alliances prudemment, avec au maximum six ou sept alliances au total : une ou deux avec des mentors (des personnes beaucoup plus âgées que nous, ou jeunes mais destinées à atteindre le sommet), deux ou trois avec des pairs, une ou deux où nous sommes le mentor.
Chapitre 13 : Intelligent et paresseux
RK cite Von Manstein, un général allemand durant la seconde guerre mondiale, qui répartissait les gens en 4 catégories :
- les paresseux et stupides, à laisser seuls
- les travaillant dur et stupides, à renvoyer immédiatement,
- les travaillant dur et intelligents, qui feront d'excellents officiers,
- les paresseux et intelligents, qui sont promis aux sommets.
La clé pour travailler moins et gagner plus est de sélectionner avec soin les quelques petites choses à faire qui détiennent le plus de valeur.
RK note dans ce chapitre qu'il y a un déséquilibre dans le monde professionnel, au niveau du succès et des retours (compensation, reconnaissance...).
Ainsi, un très faible pourcentage des professionnels obtiennent une quantité disproportionnée de reconnaissance et également une grande part des profits. Cette répartition, en accord avec le principe 80/20, est valable dans tous les domaines : 20% des joueurs pro de tennis s'arrogent 80% des gains du circuit par exemple.
Nous vivons dans un monde où le marketing est roi : les plus grands noms gagnent énormément, ceux qui ne sont pas aussi bons ou pas aussi connus gagnent bien moins.
Quelles sont donc les règles pour obtenir du succès dans ce monde 80/20 ? RK conseille de se rappeler les catégories de Von Manstein : il faut trouver la place qui nous est promise, celle où on peut être intelligent, paresseux et grassement payé. Pour ça, dix conseils :
- se spécialiser dans une niche très petite et y développer une compétence rare
- choisir une niche qu'on apprécie, où nous pouvons exceller et où on a nos chances de devenir un leader incontesté
- réaliser que le savoir c'est le pouvoir
- identifier notre marché et nos clients cibles et les servir au mieux
- identifier où les 20% d'efforts nous donnent 80% de retours
- apprendre des meilleurs
- devenir notre propre employeur le plus tôt possible dans notre carrière
- employer le plus possible de créateurs de valeur
- utiliser des sociétés extérieures pour tout ce qui n'est pas dans notre compétence
- exploiter l'effet de levier apporté par de l'investissement extérieur.
Chapitre 14 : L'argent, l'argent, l'argent
Ce chapitre est destiné à ceux qui ont de l'argent et qui souhaitent le multiplier.
RK annonce que l'argent respecte le principe 80/20 :
- les salaires et revenus tendent à être distribués de manière déséquilibrée
- les richesses suivent une distribution encore plus déséquilibrées que les revenus, parce que la majorité des richesses est créée par de l'investissement et non pas par des revenus salariaux, et parce que les retours sur investissement sont également très déséquilibrés
- l'investissement crée de grosses quantités d'argent par l'effet de "combinaison" : un investissement réalisé en 1950 de 100€ et qui prend 12,5% par an vaudrait la petite somme de 132 000€ aujourd'hui (sans prendre en compte l'inflation)
- les différences à terme entre des investissements à 5, 10, 20 et 40% sont énormes.
Ainsi RK conseille, si l'on souhaite devenir riche, d'investir de l'argent le plus tôt possible, car on ne deviendra pas riche grâce à nos salaires. Il faut développer une stratégie de long-terme, basée sur des principes ayant déjà fonctionné dans le passé. Pour ça, dix conseils :
- faire en sorte que notre philosophie d'investissement reflète notre personnalité
- être proactif et déséquilibré
- investir majoritairement sur le marché actions
- investir sur le long terme
- investir le plus possible quand le marché est bas
- si on ne parvient à battre le marché, investir dans des trackers
- investir dans les domaines où on a une forme d'expertise
- considérer les marchés émergents
- massacrer les valeurs qui nous font perdre
- ne pas empocher nos gains avant d'atteindre notre objectif long-terme.
Chapitre 15 : Les 7 habitudes du bonheur
RK croit que le principe 80/20 peut s'appliquer au bonheur. Deux façons d'être plus heureux :
- identifier les moments où nous sommes heureux et et les étendre au maximum
- identifier les moments où nous sommes moins heureux, et les réduire au maximum.
RK aborde dans le suite du chapitre le versant scientifique du bonheur. Il n'y a pas de doutes que certaines personnes sont plus enclines au bonheur que d'autres, de manière naturelle. Des pistes de travail de la psychoneuro-immunologie montre que dans certaines limites, on peut choisir de se sentir heureux ou malheureux, voire de se sentir en bonne santé ou en mauvaise santé.
La manière dont on se perçoit est également très dépendante de nos expériences juvéniles.
RK croit fortement en notre capacité de changer la façon dont nous pensons et agissons. Quand le malheur frappe, nous pouvons reconnaître ce qui se passe et refuser de l'accepter. En psychologie, cela revêt le terme d'intelligence émotionnelle.
Etre intelligent émotionnellement, c'est identifier les leviers personnels et les circonstances qui nous permettent de magnifier les pensées positives et réduire les pensées négatives.
On peut ainsi être plus heureux en changeant notre manière de penser à propos des évènements, à propos de nous-même, et en changeant tout simplement les évènements (en changeant les personnes avec qui on passe du temps, et en évitant les moments qui nous rendent malheureux).
RK identifie 7 habitudes quotidiennes pour être heureux :
- l'exercice
- la stimulation mentale (au travail ou en-dehors)
- la stimulation spirituelle ou artistique
- la réalisation d'une bonne action
- une pause avec un ami
- se faire un petit plaisir à soi
- se féliciter.
RK identifie également 7 stratagèmes pour être heureux à moyen terme :
- maximiser notre contrôle sur les choses (par exemple en maîtrisant son temps en devenant son propre employeur)
- se fixer des objectifs atteignables
- être flexible (Life is what happens when you're busy making other plans - John Lennon)
- avoir une relation très proche avec notre partenaire
- avoir un nombre limité d'amis, heureux de préférence
- avoir quelques alliances professionnelles sérieuses
- avoir un style de vie qui nous convienne.
Partie 4 : Nouvelles idées - Le principe revisité
Chapitre 16 : Les deux dimensions du principe
Dans ce dernier chapitre, RK passe en revue les critiques, bonnes et mauvaises, qu'il reçoit depuis 10 ans et la première édition de son livre.
D'après les commentaires de ses lecteurs, il apparaît globalement que le principe 80/20 fonctionne, particulièrement dans ses deux dimensions d'amélioration de la vie et d'efficacité.
RK exploite les critiques positives et nous demande de se poser les questions suivantes :
-
Au travail, quelle est la contrainte, qui, si elle était levée, ferait
en sorte que l'on soit 5, 10 ou 20 fois plus productifs ?
- Dans
notre vie privée, quelle est la chose qui nous empêche de donner le
meilleur et d'apporter de la joie aux personnes auxquelles on tient ?
Parmi les critiques, deux questions sont soulevées et sortent du lot en majorité :
- Est-ce que le principe 80/20 peut s'appliquer à nos vies personnelles ?
- Les 80% ne sont-ils pas essentiels eux aussi ?
En fait, RK note trois inquiétudes de la part de ses lecteurs critiques :
- si le principe 80/20 est vu comme un outil d'efficacité, avoir 80% des résultats pour 20% d'efforts peut être vu comme une vision simpliste et non authentique de la vie : après tout, si on aime un livre, on ne devrait pas se limiter à en lire 20% pour en saisir 80%, mais bien à le lire en intégralité
- l'inquiétude de viabilité : si le principe 80/20 fonctionne aujourd'hui, fonctionnera-t-il demain ?
- l'inquiétude d'équilibre : à force de se concentrer sur les meilleures parties de la vie, il est possible qu'on délaisse le reste, ce reste qui rend justement meilleures les meilleures parties de la vie (à noter que cette inquiétude ne s'applique qu'à notre vie et pas au business, parce que la manière dont l'économie avance est à travers une bataille de firmes totalement spécialisées et déséquilibrées).
Ce que RK a réalisé à travers le feedback de ses lecteurs, c'est que le principe 80/20 possède deux dimensions, presque opposées.
D'un côté, il y a la dimension "efficacité". Cette dimension nous demande de nous concentrer sur les 20% les plus productifs, et d'investir le plus possible de notre temps dans ces 20%.
De l'autre côté, il y a la dimension "amélioration de la vie". Cette dimension nous demande de s'investir à fond (200%, 2000% ?) dans les 20% qui font que nous sommes uniques, sans se priver sur les efforts, l'argent ou tous les autres moyens pour y arriver. Il n'y a pas de limite à la quantité d'efforts ou de temps à dépenser sur ce qui améliore, voire même défini, notre vie.
La réponse de RK aux trois inquiétudes est donc la suivante :
- c'est seulement vu comme un outil d'efficacité que l'on doit utiliser le principe 80/20 pour faire les choses rapidement et de manière paresseuse : pour ce qui améliore notre vie, on doit prendre le chemin le plus long
- à propos de l'inquiétude de viabilité, une utilisation du principe pour le business demande d'être prudent (par exemple si on retient seulement 20% de nos meilleurs clients, faire attention à ce que les meilleurs clients de demain ne soient pas rejetés dans les 80%) ; une utilisation du principe pour notre vie en elle-même demande également d'être prudent (sachant qu'il est toujours très sage de faire des efforts à développer des compétences qui vont changer notre vie).
- à propos de l'inquiétude d'équilibre, on doit être déséquilibré sur le domaine de l'efficacité, pour travailler sur les 20% qui importent ; à propos de notre vie nous devons être aussi déséquilibré d'un côté (en ciblant les quelques activités et relations qui améliorent notre vie) mais équilibré de l'autre côté en répartissant notre temps entre le travail et les loisirs, entre nous et les autres.
Le mot de la fin de RK est qu'il faut croire au progrès. Le progrès demande des élites, qui vivent pour la gloire et le service à la société. Le principe 80/20 va dans ce sens, et permet de ne pas attendre les autres pour commencer à travailler pour devenir une élite.
Mon avis sur le livre :
The 80/20 Principle est un livre fascinant car ses domaines d'application sont très nombreux : le business déjà, dans tous ses compartiments (marketing, vente, négociation, gestion de projet…) mais aussi la vie, le bonheur et les relations. A ce titre, The 80/20 Principle est à la fois un livre de développement personnel et un livre de business. C'est sa force.
L'auteur conseille d'ailleurs une utilisation pragmatique du principe : la fameuse Pensée 80/20. C'est ce que je retiendrai de ce livre : éviter les pensées linéaires et toujours essayer d'isoler les 20%, dans n'importe quelle situation.
Enfin, l'auteur a le mérite de prendre du recul et d'inclure les critiques, bonnes ou mauvaises, et essaye d'y répondre.
Côté points faibles, je peux noter certaines redondances dans la manière de présenter le principe : ses applications sont répétées presque ad nauseam. En d'autres termes, l'ouvrage pourrait être plus court.
Pour conclure, ce livre est selon moi un must-read. Chaque lecteur pourra y trouver des sources d'inspiration, suivant les domaines qui l'intéressent.
###################résumé terminé le 7 octobre 2011#######################
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